FEMMES REMARQUABLES DU PONTIAC
Ces quatre femmes étaient innovatrices et dynamiques : journalistes, mairesses, sages-femmes, agricultrices, mères, gérantes de magasin et plus. Grâce à elles, les conditions de vie se sont améliorées. Elles ont construit l’aqueduc de la municipalité de Shawville, consolidé la présence des femmes dans la sphère publique, amélioré la salubrité alimentaire dans les collectivités rurales et milité pour des soins de santé, tout en travaillant la terre et en élevant de grandes familles.
Ces femmes ont eu des vies extraordinaires, mais n’ont pas toujours été reconnues. Les vignettes ne présentent qu’un aperçu de la vie de ces quatre admirables femmes. Il y a bien sûr de nombreuses autres femmes remarquables et beaucoup d’autres exemples de force, de dévouement et de courage dans le Pontiac.
Abbie travaille pour la section de son comté tout en étant secrétaire du QWI pendant plusieurs années. Dès 1914, elle participe fidèlement aux congrès du Collège Macdonald, parfois en tant que photographe de l’événement, jusqu’à ce qu’elle tombe malade. Première femme du comté de Pontiac à recevoir la distinction de « membre à vie » à l’échelle de la province et du pays, elle est aussi nommée vice-présidente honoraire de l’organisme au Québec.
Abbie Pritchard est une vraie pionnière pour les Instituts féminins dans le Pontiac et partout au Québec. Elle croit à la devise « Pour le foyer, pour la patrie » et elle mène sa vie conformément en faisant la promotion de l’agriculture, de l’éducation, des activités culturelles, de la santé et de la vie communautaire dans sa région et dans le monde.
En tant que rédactrice en chef du journal The Equity pendant plus de trois décennies, Rosaleen écrit des articles fouillés et convaincants. Extrêmement indépendante, elle est à l’aise avec tout le monde, puissants ou infortunés : membres de la royauté, politiciens, chauffeurs de camion et forestiers. Femme dévouée à son mari et à ses six enfants, Rosaleen travaille aussi sans relâche à l’amélioration des nombreux milieux où elle évolue. Elle gère une équipe de hockey, enseigne la danse carrée à dos de cheval aux enfants, anime des émissions de radio et est la première femme à siéger au conseil municipal de Shawville, où elle pilote les dossiers des résidences pour aînés et de l’amélioration de l’approvisionnement en eau.
En tant que présidente du Comité sur les hôpitaux du Comité civique de l’enfance à Ottawa, Rosaleen, aidée d’autres femmes, pétitionne pour la construction d’un hôpital pour enfants dans la région. C’est le premier pas du long parcours qui mènera à la création du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO).
À sa « retraite », Rosaleen est bénévole au Cercle national des journalistes du Canada, enseigne la rédaction à l’Université Ryerson et, à 81 ans, obtient sa maîtrise en journalisme. En 2012, on lui décerne la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II. Rosaleen profitait de la vie avec un enthousiasme débordant.
En 1953, à peine 13 ans après l’obtention du droit de vote par les femmes au Québec, Elsie est élue mairesse, une première dans l’histoire de la province. Elle exerce cette fonction à Portage-du-Fort pendant deux mandats. Son plus ambitieux projet est la construction d’un réseau de distribution d’eau dans le village, exploit jugé impossible par beaucoup. Sous sa gouverne, une nouvelle caserne de pompiers est érigée et bon nombre de routes sont pavées. Ses journaux manuscrits de mairesse sont toujours aux Archives du Pontiac à Shawville. En 1960, lors d’une entrevue avec un journaliste qui l’interroge sur les femmes en politique, Elsie déclare queles femmes devraient prendre leur place et cesser de se cacher derrière leur mari, car à son avis elles ont les aptitudes nécessaires pour jouer un rôle politique et en sont très capables.
Notons qu’Elsie est la première femme à occuper le poste de préfet du comté de Pontiac. Parmi ses nombreuses fonctions, elle sera aussi présidente de la commission scolaire, présidente du Rebekah Lodge et organiste à l’église pendant 60 ans. Pionnière de la politique québécoise, Elsie Gibbons ouvre la voie aux femmes dans le secteur des affaires municipales. Le gouvernement du Québec lui rend un hommage posthume en 2015 et, deux ans plus tard, la Fédération québécoise des municipalités crée le prix Elsie-Gibbons en reconnaissance des contributions des femmes à la politique municipale.
Adelaide se marie en 1903 et donne naissance à son premier enfant à l’âge de 15 ans. Elle a en tout onze enfants et prend soin d’un de ses petits-enfants dans sa maison de ferme à Thorne. Pendant l’hiver, alors que son époux est aux chantiers, Adelaide s’occupe de la maison, de la ferme et des enfants. Pour encaisser le chèque de paie de son mari à la banque, elle doit parcourir à pied 24 milles (38.6 kilomètres) aller-retour. Comme il était courant de le faire à l’époque, les enfants les plus vieux participent aux tâches ménagères, que ce soit prendre soin du bétail, couper du bois ou s’occuper des plus jeunes. Sans électricité ni plomberie intérieure, l’eau pour les bains et la lessive est puisée à l’extérieur et chauffée sur le poêle à bois. Adelaide passe de longues journées à cuisiner, à coudre des vêtements, à fabriquer du beurre, à préparer des conserves, à entretenir de grands potagers et à s’occuper du bétail.
On ne sait comment, mais Adelaide trouve aussi le temps de contribuer à la vie du village. Talentueuse couturière, elle confectionne des robes de mariées pour bon nombre des femmes du voisinage.Elle est aussi une très bonne sage-femme, un savoir-faire que sa mère lui a transmis. Il n’est pas rare qu’on frappe à sa porte en pleine nuit pour la mener auprès d’une femme en train d’accoucher. Elle y reste parfois jusqu’à ce que la nouvelle maman se remette sur ses pieds, dans certains cas jusqu’à une semaine gratuitement (sauf une fois où on lui donne une poche de pommes de terre en guise de paiement).
De nature généreuse et enjouée, Adelaide adore faire des fêtes avec de la musique et de la danse. Elle s’avère aussi une conteuse hors pair capable de captiver son public pendant des heures.